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Lire la Bible
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  • Croyant, non-croyant, athée, agnostique, chrétien ou non, la Bible est un texte de référence culturelle, morale, religieuse. Un texte qui fait débat et questionne entre vérité, foi, raison, histoire, science, doute... Cherchons ensemble !
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22 avril 2010

lecture de Saint Marc (1)

Après de nombreux mois d'absence, je reprends donc l'écriture de ce blog. Après m'être demandé quel sujet proposer, je me suis décidé pour une lecture de l'évangile selon Saint Marc. Pour quelles raisons ? On pourrait en trouver probablement de nombreuses mais la principale est que j'aimerai redémarrer ce blog à partir d'un évangile. Je choisis l'évangile selon Saint Marc parce qu'il est le plus court des 4 (seulement 16 chapitres) et c'est en général cet évangile que je propose de lire aux catéchumènes se préparant au baptême. Il est reconnu par la majorité des exégètes comme le premier évangile écrit et donc le plus ancien; écrit probablement avant la fin de la première guerre juive et la destruction du Temple de Jérusalem par les troupes de Titus en 70.

Contrairement à toute logique, je proposerai volontiers de commencer la lecture de l'évangile non par le début mais par la fin; et cela pour deux raisons. Tout d'abord parce que les spécialistes pensent que les premiers écrits circulant durant la toute première génération chrétienne étaient essentiellement des récits de la Passion et de la Résurrection. Les évangélistes ont repris ces récits et leur ont adjoint les récits des miracles et les enseignements de Jésus afin de pouvoir les transmettre aux générations suivantes et ceci selon le charisme propre de chaque évangile. Mais plus intéressant encore, Saint Marc offre une spécificité que vous connaissez peut-être. Les versets 9 à 20 du dernier chapitre ne figurent pas dans de nombreux manuscrits et parmi les plus importants. Il y a donc tout lieu de penser que l'évangile avait originellement une forme plus brève s'achevant au verset 8 sur la peur et le silence des femmes : «  Elles sortirent et s'enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes et bouleversées; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. » (Mc 16:8 TOB). Lorsque l'on regarde d'un peu plus près, on se rend compte que les versets 9 à 20 sont comme une sorte de résumé des récits d'apparition de Jésus Ressuscité aux apôtres rapportés dans les trois autres évangiles. Ainsi les versets 9 à 11 reprennent-ils Jn 20 et le début de Lc 24; les versets 12-13 aux disciples d'Emmaüs en Lc 24; les versets 15-18 à Mt 28 (avec toutefois une petite originalité) et les versets 19-20 à l'Ascension en Lc 24 et Ac 1 et à la mission des apôtres dans tous le livre des Ac. Ces derniers versets pourraient donc être le fruit d'une homogénéisation avec les autres évangiles.

Comment en effet achever un évangile sur une sorte d'échec (au verset 8) ? Saint Marc, comme la communauté qui lit cet évangile sait que les femmes ne sont ps restées muettes ou que l'histoire ne s'est pas arrêtée là, sinon comment auraient-ils appris ce qu'ils croient, à savoir que Jésus est ressuscité. Il est cependant intéressant de se demander ce que produit un évangile s'achevant sur un pseudo-échec. L'impression peut-être que l'annonce de la Bonne Nouvelle de la résurrection n'est pas suffisamment acceptée par les Juifs et les Païens ? Il est vrai que si les premiers chrétiens sont essentiellement des Juifs, tous les Juifs n'ont pas adhéré au Christ ce qui doit certainement poser des questions à la première communauté chrétienne qui connaissant bien l'Ancien Testament y voit une annonce claire que Jésus est bien le Messie. La prédication de Paul à Athènes montre également comment le monde grec ne prend pas au sérieux l'annonce de la Résurrection (Ac 17, 32-33). Mais également parmi les chrétiens, il semble que l'annonce pourtant fondamentale de la Résurrection pose un certain nombre de questions (cf 1 Co 15, 12-53). On peut ainsi comprendre la finale brève voulue par Marc et celle plus longue qui lui a été ajoutée.

Ajoutons, et c'est cela qui nous semble le plus intéressant, combien la finale brève donne une certaine clé de lecture à tout l'évangile. Les femmes s'en vont craintives et tremblantes après avoir reçu l'annonce de la Résurrection d'un jeune homme habillé d'un vêtement blanc assis dans le tombeau. « Entrées dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme, vêtu d'une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. » (Mc 16:5 TOB) Ce jeune homme n'est pas sans rappeler le mystérieux jeune homme présent au jardin de Gethsémani : « Un jeune homme le suivait, n'ayant qu'un drap sur le corps. On l'arrête, mais lui, lâchant le drap, s'enfuit tout nu. » (Mc 14:51-52 TOB) Ce personnage est absent des autres évangiles. Nous y reviendrons probablement une autre fois. Quel est le contenu du message qu'il délivre aux femmes ? « Mais il leur dit: «Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié: il est ressuscité, il n'est pas ici; voyez l'endroit où on l'avait déposé. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre: ‹Il vous précède en Galilée; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.› » » (Mc 16:6-7 TOB) Si l'on se rapporte au début de l'évangile de Marc, passé l'introduction qui présente le ministère de Jean Baptiste, nous retrouvons Jésus au début de sa vie publique en Galilée: «  9 Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. 10 À l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre sur lui. 11 Et des cieux vint une voix: «Tu es mon Fils bien-aimé, il m'a plu de te choisir.» 12 Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert. 13 Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. 14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l'Évangile de Dieu et disait: 15 «Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s'est approché: convertissez-vous et croyez à l'Évangile.» (M 1:9-15 TOB) Arrivé à la fin de l'évangile, Marc alors qu'il annonce la Résurrection du Christ ne rapporte pas les apparitions du Ressuscité qui permettent dans les autres évangiles l'authentification par les apôtres que celui qui est ressuscité est bien celui-là même qui était mort crucifié et avait vécu avec eux. Il nous invite à reprendre la lecture de son évangile d'une façon différente. Jésus est en Galilée, là où tout a commencé. Une nouvelle lecture de l'évangile nous est proposé à la lumière de la Passion et de la Résurrection. Celui qui était à Gethsémani, est mort crucifié. Il est ressuscité. Comme vous l'avez rencontré en Galilée autrefois, vous pouvez le rencontrer à nouveau aujourd'hui vivant. Ce que vous avez vécu avec lui hier est encore valable aujourd'hui. Rien n'est terminé, tout se poursuit. C'est là qu'il a commencé à annoncer que le Règne de Dieu s'est approché. Il s'est vraiment approché dans la mort et la Résurrection de Jésus, et c'est de là que vous devez l'annoncer en accomplissant les mêmes signes que lui, en proclamant ce que lui même proclamait, en enseignant ce que lui-même enseignait.

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