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Lire la Bible

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  • Croyant, non-croyant, athée, agnostique, chrétien ou non, la Bible est un texte de référence culturelle, morale, religieuse. Un texte qui fait débat et questionne entre vérité, foi, raison, histoire, science, doute... Cherchons ensemble !
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29 avril 2010

lecture de saint Marc (3)

Ainsi que nous avons essayé de le montrer dans les deux billets précédents, il nous semble que la finale de l'évangile selon Saint Marc nous ramène donc au commencement de l'évangile : Mc 1, 9-15, mentionnant Jésus présent en Galilée et se rendant auprès de Jean le Baptiste puis après quarante jours dans le désert revenant en Galilée où il proclame « Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche : convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Avant l'apparition de Jésus dans le récit de l'évangile, se trouve une présentation de Jean le Baptiste (Mc 1, 2-8).

Avant de revenir sur la citation que Marc attribue au prophète Isaïe et qui introduit la figure de Jean le Baptiste, il convient que nous nous arrêtions sur le tout premier verset de l'évangile : « Commencement de l'Évangile de Jésus Christ Fils de Dieu. » (Mc 1:1 TOB). Il n'aura échappé à personne que ce mot « commencement » est le même qui débute le tout premier livre de la Bible. Ce même mot débute aussi l'évangile selon Saint Jean (Jn 1, 1) : « Au commencement était le Verbe » et que l'on retrouve également dans le prologue de l'évangile selon Saint Luc (Lc 1, 2). Par la finale de Marc, nous sommes donc renvoyés au tout début de l'évangile qui nous renvoie au tout début de la Genèse. L'évènement dont Marc se veut le témoin dans son évangile a à voir avec la Création et le dessein de Dieu. Il s'agit du commencement de « l'Evangile. » Ce mot de Bonne Nouvelle ne renvoie pas d'abord à un livre ou à quelque chose d'écrit. Il s'agit d'abord de l'action de Dieu dans l'histoire. Cette action de Dieu est avant tout la parole que Jésus proclame (Mc 1, 14-15); parole qui comme nous le verrons par la suite agit dans l'histoire. Après la Résurrection, il s'agit de la parole annoncée par les Apôtres et qui a pour objet Jésus Christ lui-même et le salut qui doit être annoncé au monde entier (Mc 16,15). Cette annonce accompagnée des signes qui témoignent que Dieu est à l'oeuvre dans l'histoire (Mc 16, 17-20). Le premier verset de l'évangile selon Saint Marc exprime l'intention de l'évangéliste : écrire le commencement dans l'histoire de cette Bonne Nouvelle parvenue jusqu'à nous. L'Evangile annoncé par les Apôtres n'est pas une fiction. Il est advenu dans le temps et dans la personne de Jésus reconnu comme Christ (c'est-à-dire consacré par l'onction, celui attendu par les Juifs comme Sauveur) et Fils de Dieu. En une formule ramassée : Jésus Christ Fils de Dieu, Marc résume la foi qu'il a reçue de la toute jeune tradition chrétienne, ce qu'il croit de Jésus, ce que les Apôtres et les disciples ont découvert de Jésus depuis leur première rencontre et que la Résurrection a révélé en pleine lumière.

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29 avril 2010

lecture de saint Marc (2)

La fin de l'évangile de Marc, nous invite à tout reprendre depuis début. Le Christ, mort, est ressuscité. Cette Bonne Nouvelle est fragile, mal acceptée par les femmes qui entendent pourtant l'annonce, mal acceptée également comme nous l'avons vu par les Apôtres et par la première communauté chrétienne; mal acceptée également pourrait-on dire, et cela est un euphémisme, deux milles ans après... Le jeune homme vêtu de blanc nous suggère une piste pour comprendre et rencontrer le Ressuscité (Mc 16, 7) : nous rendre en Galilée, c'est-à-dire repartir de là où tout a commencé, ainsi que nous l'avons noté dans le dernier billet en rappelant Mc 1, 9-15.

Dans l'Ancien Testament, le nom « Galilée » revient une dizaine de fois. Nous ne reprendrons pas chacune de ces citations. Reprenons seulement deux citations qui nous semblent intéressantes pour notre lecture de Marc : 2 R 15, 29 et Is 8, 23, la plus importante à notre avis étant celle d'Isaïe (prophète que Mc 1 cite au sujet de Jean Baptiste, juste avant de situer Jésus en Galilée en Mc 1, 2-3) : « Mais ce n'est plus l'obscurité pour le pays qui était dans l'angoisse. Dans un premier temps le Seigneur a couvert d'opprobre le pays de Zabulon et le pays de Nephtali, mais ensuite il a couvert de gloire la route de la mer, l'au-delà du Jourdain et le district des nations. » (Is 8:23 TOB) Dans le grec, l'expression district des nations est en fait traduit par la Galilée. Je vous invite à aller relire le contexte de ce verset ! Le peuple du Royaume du Nord et donc habitant la Galilée a été déporté dans le passé (ce que rapporte 2 R 15,29). Il a été humilié, marchant dans les ténèbres de l'angoisse mais dans l'avenir, il reviendra d'exil. Isaïe poursuit par cet oracle bien connu que nous relisons chaque année lors de la messe de la nuit de Noël : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi. 2 Tu as fait abonder leur allégresse, tu as fait grandir leur joie. Ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit à la moisson, comme on jubile au partage du butin. 3 Car le joug qui pesait sur lui, le bâton à son épaule, le gourdin de son chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de Madiân. 4 Tout brodequin dont le piétinement ébranle le sol et tout manteau roulé dans le sang deviennent bons à brûler, proie du feu. 5 Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné. La souveraineté est sur ses épaules. On proclame son nom: «Merveilleux - Conseiller, Dieu - Fort, Père à jamais, Prince de la paix.» 6 Il y aura une souveraineté étendue et une paix sans fin pour le trône de David et pour sa royauté, qu'il établira et affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours - l'ardeur du SEIGNEUR, le tout-puissant, fera cela. » (Is 9:1-6 TOB). 

Sans trop forcer, croyons-nous, le rapport à la Galilée établi dans l'évangile de Marc, nous avançons l'idée que la Galilée n'est pas seulement une région géographique pour Marc. Elle est le lieu qui symbolise la déportation et les ténèbres, mais elle est le lieu qui symbolise également la joie du retour des déportés et la lumière naissante de la libération. Comment dès lors ne pas y voir une annonce de la Mort et de la Résurrection ? Ténèbres de la mort et du tombeau : déportation au monde des morts; grande lumière du matin de la Résurrection : allégresse du retour parmi les vivants de celui qui était mort. Un nouveau début offrant la fin de tout esclavage (Is 9, 3), de toute guerre (Is 9,4) par un enfant sur les épaules duquel se trouvent la souveraineté et la paix sans fin pour le trône de David, toutes deux données par l'ardeur du Seigneur, le tout Puissant. La crainte, la peur, les tremblements et le silence des femmes au tombeau sont légitimes. Mais elles doivent avoir confiance et annoncer à tous, pas seulement aux apôtres mais à tous, que le Galiléen déporté dans les ténèbres du monde des morts, comme en exil, est revenu parmi les vivants. Il a détruit l'esclavage de la mort. Son règne a commencé : un règne de paix pour toujours donné par le Seigneur Dieu lui même comme il l'avait promis par la bouche des prophètes. Comme lui au début de son ministère (Mc 1, 15), il faut annoncer que « les temps sont accomplis, le Règne de Dieu s'est approché; convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » dans la mort et la Résurrection de Jésus, les temps annoncés par les prophètes dans lesquels Dieu devait agir sont accomplis, Dieu règne désormais sur la mort, il nous faut convertir nos peurs et nos tremblements, nos silences et nos craintes en croyant à la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Les signes sont là : ceux que Jésus a accompli autrefois, il continue de les accomplir aujourd'hui, à nous de les discerner. L'enseignement de Jésus avant sa mort prend tout son sens aujourd'hui qu'il est ressuscité. Il nous faut donc relire tout ce que l'évangéliste a consigné dans son évangile afin de rencontrer le Christ Ressuscité dans la Galilée où nous sommes, dans le lieu de nos ténèbres et de nos angoisses : là se tient le Ressuscité, debout, nous invitant à convertir nos coeurs à la Bonne Nouvelle : la vie est plus forte que la mort, la lumière est plus forte que les ténèbres; c'est le temps du retour d'exil pour tout le monde, sur une terre donnée par Dieu, terre de justice et de paix.

22 avril 2010

lecture de Saint Marc (1)

Après de nombreux mois d'absence, je reprends donc l'écriture de ce blog. Après m'être demandé quel sujet proposer, je me suis décidé pour une lecture de l'évangile selon Saint Marc. Pour quelles raisons ? On pourrait en trouver probablement de nombreuses mais la principale est que j'aimerai redémarrer ce blog à partir d'un évangile. Je choisis l'évangile selon Saint Marc parce qu'il est le plus court des 4 (seulement 16 chapitres) et c'est en général cet évangile que je propose de lire aux catéchumènes se préparant au baptême. Il est reconnu par la majorité des exégètes comme le premier évangile écrit et donc le plus ancien; écrit probablement avant la fin de la première guerre juive et la destruction du Temple de Jérusalem par les troupes de Titus en 70.

Contrairement à toute logique, je proposerai volontiers de commencer la lecture de l'évangile non par le début mais par la fin; et cela pour deux raisons. Tout d'abord parce que les spécialistes pensent que les premiers écrits circulant durant la toute première génération chrétienne étaient essentiellement des récits de la Passion et de la Résurrection. Les évangélistes ont repris ces récits et leur ont adjoint les récits des miracles et les enseignements de Jésus afin de pouvoir les transmettre aux générations suivantes et ceci selon le charisme propre de chaque évangile. Mais plus intéressant encore, Saint Marc offre une spécificité que vous connaissez peut-être. Les versets 9 à 20 du dernier chapitre ne figurent pas dans de nombreux manuscrits et parmi les plus importants. Il y a donc tout lieu de penser que l'évangile avait originellement une forme plus brève s'achevant au verset 8 sur la peur et le silence des femmes : «  Elles sortirent et s'enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes et bouleversées; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. » (Mc 16:8 TOB). Lorsque l'on regarde d'un peu plus près, on se rend compte que les versets 9 à 20 sont comme une sorte de résumé des récits d'apparition de Jésus Ressuscité aux apôtres rapportés dans les trois autres évangiles. Ainsi les versets 9 à 11 reprennent-ils Jn 20 et le début de Lc 24; les versets 12-13 aux disciples d'Emmaüs en Lc 24; les versets 15-18 à Mt 28 (avec toutefois une petite originalité) et les versets 19-20 à l'Ascension en Lc 24 et Ac 1 et à la mission des apôtres dans tous le livre des Ac. Ces derniers versets pourraient donc être le fruit d'une homogénéisation avec les autres évangiles.

Comment en effet achever un évangile sur une sorte d'échec (au verset 8) ? Saint Marc, comme la communauté qui lit cet évangile sait que les femmes ne sont ps restées muettes ou que l'histoire ne s'est pas arrêtée là, sinon comment auraient-ils appris ce qu'ils croient, à savoir que Jésus est ressuscité. Il est cependant intéressant de se demander ce que produit un évangile s'achevant sur un pseudo-échec. L'impression peut-être que l'annonce de la Bonne Nouvelle de la résurrection n'est pas suffisamment acceptée par les Juifs et les Païens ? Il est vrai que si les premiers chrétiens sont essentiellement des Juifs, tous les Juifs n'ont pas adhéré au Christ ce qui doit certainement poser des questions à la première communauté chrétienne qui connaissant bien l'Ancien Testament y voit une annonce claire que Jésus est bien le Messie. La prédication de Paul à Athènes montre également comment le monde grec ne prend pas au sérieux l'annonce de la Résurrection (Ac 17, 32-33). Mais également parmi les chrétiens, il semble que l'annonce pourtant fondamentale de la Résurrection pose un certain nombre de questions (cf 1 Co 15, 12-53). On peut ainsi comprendre la finale brève voulue par Marc et celle plus longue qui lui a été ajoutée.

Ajoutons, et c'est cela qui nous semble le plus intéressant, combien la finale brève donne une certaine clé de lecture à tout l'évangile. Les femmes s'en vont craintives et tremblantes après avoir reçu l'annonce de la Résurrection d'un jeune homme habillé d'un vêtement blanc assis dans le tombeau. « Entrées dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme, vêtu d'une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. » (Mc 16:5 TOB) Ce jeune homme n'est pas sans rappeler le mystérieux jeune homme présent au jardin de Gethsémani : « Un jeune homme le suivait, n'ayant qu'un drap sur le corps. On l'arrête, mais lui, lâchant le drap, s'enfuit tout nu. » (Mc 14:51-52 TOB) Ce personnage est absent des autres évangiles. Nous y reviendrons probablement une autre fois. Quel est le contenu du message qu'il délivre aux femmes ? « Mais il leur dit: «Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié: il est ressuscité, il n'est pas ici; voyez l'endroit où on l'avait déposé. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre: ‹Il vous précède en Galilée; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.› » » (Mc 16:6-7 TOB) Si l'on se rapporte au début de l'évangile de Marc, passé l'introduction qui présente le ministère de Jean Baptiste, nous retrouvons Jésus au début de sa vie publique en Galilée: «  9 Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. 10 À l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre sur lui. 11 Et des cieux vint une voix: «Tu es mon Fils bien-aimé, il m'a plu de te choisir.» 12 Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert. 13 Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. 14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l'Évangile de Dieu et disait: 15 «Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s'est approché: convertissez-vous et croyez à l'Évangile.» (M 1:9-15 TOB) Arrivé à la fin de l'évangile, Marc alors qu'il annonce la Résurrection du Christ ne rapporte pas les apparitions du Ressuscité qui permettent dans les autres évangiles l'authentification par les apôtres que celui qui est ressuscité est bien celui-là même qui était mort crucifié et avait vécu avec eux. Il nous invite à reprendre la lecture de son évangile d'une façon différente. Jésus est en Galilée, là où tout a commencé. Une nouvelle lecture de l'évangile nous est proposé à la lumière de la Passion et de la Résurrection. Celui qui était à Gethsémani, est mort crucifié. Il est ressuscité. Comme vous l'avez rencontré en Galilée autrefois, vous pouvez le rencontrer à nouveau aujourd'hui vivant. Ce que vous avez vécu avec lui hier est encore valable aujourd'hui. Rien n'est terminé, tout se poursuit. C'est là qu'il a commencé à annoncer que le Règne de Dieu s'est approché. Il s'est vraiment approché dans la mort et la Résurrection de Jésus, et c'est de là que vous devez l'annoncer en accomplissant les mêmes signes que lui, en proclamant ce que lui même proclamait, en enseignant ce que lui-même enseignait.

19 avril 2010

Reprise prochaine du blog

Chers amis,

le moins que l'on puisse dire c'est que je n'ai pas alimenté mon blog depuis longtemps... Je remercie toutefois les nombreux visiteurs qui sont venus lire ces pages (bien que j'aurai aimé avoir quelques commentaires !!!) je compte reprendre dans un futur que j'espère très proche, quelques commentaires bibliques. Si vous avez des idées de textes, de thèmes, n'hésitez pas à m'en faire part ! cela me stimulera !!

A très bientôt donc !

11 janvier 2009

Eve a-t-elle mangé la pomme ? (9)

Cette interprétation de la Genèse n'est pas sans trouver de nombreux échos dans le Nouveau Testament. Il en va peut-être même d'un des points essentiels de ce que les premiers disciples ont compris du Christ. Il faudrait relire ici tous les textes qui nous présentent Jésus dans l'obéissance à son Père, faisant la volonté du Père (particulièrement l'evangile selon St Jean, l'épître aux Hébreux). A ce sujet, il me semble intéressant de lire, parmi les nombreux exemples que nous pourrions prendre, trois chapitres de l'évangile selon St Matthieu qui semblent très construits entre eux. (Munissez-vous d'un Nouveau Testament ! vous avez un lien sur le blog vous reliant à un site proposant en ligne des traductions du Nouveau Testament si vous n'en avez pas un chez vous à disposition).

1) Mt 4 : les tentations.

2) Mt 5 : le début du discours sur la montagne, avec en particulier les Béatitudes.

3) Mt 6 : suite du discours sur la montagne.

Quelques remarques :

Le chapitre 4, suit le chapitre 3... jusque là rien d'étonnant ! Mais à la fin du chapitre 3 se trouve le récit du Baptême de Jésus. Jean Baptiste commence par refuser de baptiser Jésus : "c'est moi, dit-il, qui ait besoin d'être baptisé par toi et c'est toi qui vient à moi !" (3, 14). Jean donne en effet un baptême en vue de la conversion des péchés. Comment le Christ pourrait-il en avoir besoin lui qui est "Emmanuel c'est-à-dire Dieu avec nous" (Mt 1, 23) ? S'il est "Dieu avec nous" au sens fort ainsi que l'ont compris les premiers disciples, comment peut-il vouloir être baptisé par Jean pour le pardon des péchés, lui qui, si il est Fils de Dieu, n'a pas de péché en lui ? (voir 2 Co 5, 21 : "celui qui n'avait pas connu le péché" se réferant à Jésus). La suite de l'évangile nous le fait comprendre. En particulier, me semble-t-il avec cette description aux accents apocalyptique et théophanique de Mt 3, 16 : "Voici que les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui." La où Mt utilise le verbe "s'ouvrir" en grec (comme Lc), Mc, lui, utilise le verbe déchirer plus expressif encore. Dans l'un comme dans l'autre cas, l'idée est qu'entre le monde de Dieu et celui des hommes, une ouverture, une brèche existe désormais, ainsi l'Esprit de Dieu peut-il descendre sur les hommes. Le Christ est totalement du côté de Dieu tout en s'étant mis totalement du côtés des pécheurs. Ceci pris en compte, nous pouvons revenir à Mt 4. C'est en effet "poussé par l'Esprit" (Mt 4,1) qu'il se rend au désert où il va être tenté. Ceci aura son importance.

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30 novembre 2008

Eve a-t-elle mangé la pomme ? (8)

Ainsi donc, si Dieu crée l'homme libre, à son image et à sa ressemblance, la liberté de l'homme biblique est une liberté relative (non pas dans le sens qu'elle serait limitée... ce serait de la liberté conditionnelle, celle contre laquelle, justement à notre avis, s'oppose le texte, car cette dernière est la liberté que "donnent" les dieux !) mais en ce sens qu'elle est relative à Dieu. Elle possède sa source et tient son sommet de sa relation à Dieu. L'homme est libre quand il a compris que sa liberté se joue dans sa relation à Dieu, une relation qui le libère de lui-même, des idôles, de toutes sortes de relations mal-ajustées asservissantes. C'est pourquoi l'homme biblique donne à la Loi une si grande place. La Loi n'est pas contrainte (au sens où notre système moderne européen nous le suggère souvent comme limitation de notre liberté) mais elle est libération. Obéir à la Loi, dans son sens fort, l'écouter pour la mettre en pratique, c'est accueillir sa libération. C'est ce que rappellent tout au long de l'histoire d'Israël les prophètes. Prenons simplement ce "petit" prophète (qui est si grand !) : le prophète Osée. La relation entre Israël et Dieu est pensée en termes d'adultère et de mariage. Israël s'est aliéné en abandonnant son Dieu, elle est devenu l'esclave de ses propres passions : "Elle (= Israël) poursuivra ses amants sans les atteindre, elle les recherchera sans les trouver." (Os 2, 9) C'est dans une relation restaurée, authentique, dont seul Dieu peut avoir l'initiative par le pardon, qu'elle retrouvera sa joie de vivre. Le prophète annonce ainsi un temps de fiançailles définitives : "Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai à moi par la justice, le droit et l'amour et la tendresse. Je te fiancerai à moi par la fidélité et tu connaîtras  le Seigneur." (Os 2,21-22)

11 novembre 2008

Eve a-t-elle mangé la pomme ? (7)

Reprenons ce que nous venons de dire dans ces 6 derniers billets. Plutôt que de "récits mythiques" ou de "mythes fondateurs", je préfère parler de mythes bibliques au sujet des Onze premiers chapitres de la Genèse qui forment une certaine unité. Ce qui fonde la foi biblique (et donc l'écriture de la Bible), ce n'est pas un mythe porteur de valeurs, mais un événement;  évènement dans lequel Israël découvre que Dieu est un Dieu Sauveur et Libérateur (passage de la Mer Rouge), évènement par lequel il découvre que Dieu veut pour lui une vie et une liberté durable et donc veille sur lui (Don de la Loi, nourriture dans le désert). Les Onze premiers chapitres de la Genèse forment comme une introduction ou une préface à la Torah (les 5 livres de la Loi juive) mais aussi plus largement à l'Acien Testament et à toute la Bible. Comme toute introduction ou préface, ils nous présentent ainsi ce dont il s'agit dans la Torah, dans l'Ancien Testament et dans la Bible toute entière, ce que le et les écrivains bibliques ont découvert et compris de Dieu. Ainsi les textes de Gn 1-3 réfléchissant sur les origines de l'homme dans le concert des textes du Proche Orient Ancien trouve sa propre partition : Dieu a fait l'homme à son image en lui partageant sa propre liberté vis-à-vis de la Création. Pour le maintenir dans cette liberté créatrice, Dieu prescrit à l'homme des commandements (Gn 1, 28; 2,17). L'homme est créature et non pas Créateur; pour vivre à l'image de Dieu, Dieu lui donne une voie, celle de l'obéissance. C'est finalement cette obéissance que le serpent remet en question en déformant la Parole de Dieu. Un doute est semé, une autre voie est proposée. Il faut faire un choix. La femme et l'homme en font un. Ce n'est pas tout de leur fait, mais ils engagent leur liberté (au sens où c'est librement qu'il font le choix de ne pas obéir aux commandements de Dieu, et au sens où leur désobéissance blesse leur liberté).

20 août 2008

Eve a-t-elle mangé la pomme ? (6)

L'expérience fondatrice pour sa foi, que vit le peuple d'Israël dans son Exode, lui apprend à découvrir un Dieu qui veut son salut; un salut qui passe par l'obéissance à sa Parole et à ses commandements. Tout au long de son histoire, les prophètes le rappellent. La désobéissance à la Loi enferme le peuple dans des logiques qui le rendent esclave. Si l'on reprenait les dix paroles ou dix commandements (cf Dt 5), on pourrait trouver ainsi en creux ce qui peut asservir l'homme, par exemple :

    adorer les faux dieux qui ne parlent pas, ne voient pas, n'entendent pas mais rendent esclaves ceux qui les représentent.

    ne pas faire du sabbat un jour sacré qui amène d'une certaine façon à se rendre esclave du travail et du temps

    ne pas honorer son père et sa mère, ou la destruction de la famille qui est cellule de base de la vie en société et contruction de la personne

    commettre un meurtre qui par refus de l'altérité rend esclave de la haine

    commettre l'adultère qui rend esclave de ses propres pulsions sexuelles

    témoigner faussement contre son prochain qui rend esclave du mensonge,... etc...

18 août 2008

Eve a-t-elle mangé la pomme ? (5)

Dans le désert, Dieu propose à son peuple deux voies : celle du bonheur ou du malheur, celle de la vie ou de la mort. Cela trouve un écho dans la Genèse : l'arbre dont l'homme ne peut manger est celui "de la connaissance du bien et du mal". Dans l'hébreu, les mots bonheur ou malheur que l'on trouve dans le Deutéronome (chapitre 30) sont les mêmes que la plupart des traductions rendent par bien et mal dans le texte de Genèse 2. [ceci est intéressant également... on traduit souvent par bien et mal dans la Genèse... ce qui, à mon goût donne l'idée de valeurs morales assez figées ou tout au moins déjà données, construites... la traduction par les mots de bonheur et de malheur me semble plus dynamique et positive. -ceci est purement personnel ! je ne sais pas ce que vous en pensez...] L'arbre défendu est donc celui du "bonheur et du malheur" et par parallélisme avec le texte du Deutéronome (et les nombreux autres passages utilisant ces expressions ensemble) celui de "la vie et de la mort". Le texte du Deutéronome se poursuit : "tu choisiras la vie". Ce commandement deutéronomique, je le rapproche volontiers du commandement de Dieu à Adam de ne pas manger du fruit de cet arbre-là. Si l'on poursuit la comparaison des deux textes, le deutéronome insiste sur l'écoute et la mise en pratique de la parole de Dieu pour emprunter le chemin du bonheur et de la vie. S'en détourner, au contraire, mène au malheur et à la mort. Dieu veut la vie pour l'homme. Ce don l'homme a du mal à l'accueillir. En créant l'homme Dieu lui donne la vie. En lui donnant des commandements, Dieu veut aider l'homme à préserver ce don premier, à en jouir pleinement.

17 août 2008

Eve a-t-elle mangé la pomme ? (4)

Cette transgression me semble toute aussi intéressante que celle du commandement de ne pas manger le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Elle reprend en effet, me semble-t-il pour paradigme celui qui préside à l'événement fondateur de la foi d'Israël : celui de la soumission et de la libération. La "chute" n'est pas seulement l'histoire d'une transgression originelle, elle est aussi l'histoire de l'homme et de la femme dont le péché se pense en termes de libération parce qu'ils sont soumis à ce qu'ils devraient soumettre. Notons que dans le premier récit de la Création le fait que Dieu crée les luminaires, les animaux, etc est une prise de positon par rapport aux religions environnantes. Ici Dieu soumet en les créant par sa parole , ce qui là-bas est adoré et à qui l'homme se soumet. Cette autorité, l'homme et la femme sont appelés à la partager (Gn 1, 28) et ainsi à partager la liberté-même de Dieu. Le mythe biblique de la Genèse se calque donc sur l'expérience de l'événement fondateur. L'Homme fait l'expérience de sa difficulté à excercer sa liberté. Si l'on se reporte à l'événement fondateur de la foi d'Israël, le passage de la Mer Rouge, il est intéressant de remarquer que ce sera le problème rencontré par le peuple à peine libéré qui regrette d'avoir suivi Moïse. "Les fils d'Israël leur dirent : 'Ah ! si nous étions morts de la main du Seigneur au pays d'Egypte, quand nous étions assis près du chaudron de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour laisser mourir de faim toute cette assemblée !'" (Ex 16, 3) Il en sera de même au chapitre 17 de l'exode quand ils auront soif, puis plus loin lorsqu'ils se forgeront des images représentant les dieux de l'Egypte (Ex 32)... Il me semble que derrière l'expérience fondatrice de la foi d'Israël, il y a la découverte que Dieu appelle son peuple à être libre et que pour être libre (vis-à-vis des dieux païens et tout pouvoir asservissant) Dieu propose à son peuple d'écouter et d'obéir à sa parole. Cela est assez clairement exprimé dans le livre du Deutéronome : "Si tu écoutes vraiment la voix du Seigneur ton Dieu en veillant à mettre en pratique tous ses commandements que te donne aujourd'hui, alors le Seigneur ton Dieu te rendra supérieur à toutes les nations du pays et voici toutes les bénédictions qui viendront sur toi et qui t'atteindront puisque tu auras écouté la voix du Seigneur ton Dieu." (Dt 28, 1) sans oublier certainement le texte le plus important : "Oui ce commandement que te donne aujourd'hui n'est pas trop difficile pour toi, il n'est pas hors d'atteinte. Il n'est pas au ciel; on dirait alors 'qui va, pour nous, monter au ciel nosu le cherhcer, et nous le faire entendre pour que nous le mettions en pratique?' Il n'est pas non plus au-delà des mers; on dirait alors : 'qui va pour nous le cherhcer et nous le faire entendre pour que nous le mettions en pratique ? Oui la parole est toute proche de toi, elle est dans ta bouche et dans ton coeur, pour que tu la mettes en pratique. Vois : je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, moi je te commande aujourd'hui d'aimer le Seigneur ton Dieu, de suivre  ses chemins et ses commandements, ses lois et ses coutumes. Alors tu vivras, tu deviendras nombreux et le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays où tu entres pour en prendre possession. (...) J'en prends à témoin contre vous le ciel et la terre : c'est la vie et la mort que j'ai mises devant vous, c'est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t'attachant à lui." Dt 30, 11-20.

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